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15 octobre 2008 3 15 /10 /octobre /2008 12:43

Thierry Garnier est auteur, éditeur (éditions M2G) et directeur de publication de la revue Le Mercure de Gaillon. Passionné de l'énigme de Rennes-le-Château, il a bien voulu répondre à nos questions.


 C. P. :  Comment êtes-vous venu à vous intéresser à Rennes-le-Château ?

Thierry Garnier : Au début, un peu comme tout le monde je pense : un simple lecteur attiré par les énigmes du monde. Je connais l'histoire de Rennes-le-Château depuis le début des années 80. A l'époque j'étais tout jeune, comme tout le monde je me passionnais pour son trésor légendaire, mais n'y portais pas autant d'intérêt qu'aujourd'hui.

J'ai l'habitude de dire : « Je suis arrivé à Rennes en soucoupe volante ». Ce n'est qu'une boutade, bien entendu. L'ufologie est un autre domaine d'intérêt. A aucun moment de mon existence je n'ai eu de « révélation », soyez en assuré. Le fait est qu'au court de mes pérégrinations ufologiques j'ai eu la chance de rencontrer Jimmy Guieu. Il fut un personnage très controversé à son époque et encore aujourd'hui, néanmoins on peut dire qu'il fut un pionnier non seulement en ufologie mais aussi dans tout ce qui touche aux énigmes historiques et notamment à Rennes-le-Château. Il a ouvert la voie à de nombreux chercheurs.

Je n'omettrai pas non plus ma rencontre avec Franck Marie, auteur et enquêteur chevronné qui à beaucoup écrit sur RLC. C'est un ami de longue date. Nos chemins se sont croisés également sur les routes ufologiques au début des années 90. Il reste pour moi un ami et toujours de bon conseil.

Ainsi, en juin 1999 en venant pour la première fois à RLC, je suis tombé dans la marmite, trébuchant au passage sur le livre de Patrick Ferté, Arsène Lupin Supérieur Inconnu ; une mine d'informations sur l'affaire dans laquelle j'ai extrait l'essence de mon second livre Mémoires des Deux Cités T.1 et 2.

 

 C. P. : En quelques mots, à votre avis, quelle est la nature du secret de RLC ?

Thierry Garnier : L'affaire est complexe et ceux qui n'y voient qu'une basse affaire de trafic de messes ou qu'un vil magot cousu d'or et d'argent font fausse route. Je ne prétends pas détenir la vérité mais il faut voir les choses en face. L'histoire du trafic de messes ne tient pas la route. Cela a été démontré à de multiples reprises. De plus, pour avoir consulté les carnets de correspondances de l'abbé Saunière, je ne comprends pas pourquoi le curé de RLC a continué de demander, de recevoir et de distribuer des messes jusqu'en 1915 au moins. Si le trafic de messes était véridique, l'abbé aurait pu continuer longtemps à s'enrichir. Pourquoi dans ce cas serait-il mort dans la misère ?

C'est le même argumentaire pour le trésor monétaire. Quand il y eut un changement de monnaie après la mort de B. Saunière, on sait que Marie Denarnaud a brûlé un tas de billets de banque pour ne pas avoir à justifier ses fonds. Où est la misère ici !

Dans Mémoires des Deux Cités T.2 j'explique comment Saunière, aidé de l'abbé H. Boudet, est devenu le gardien du seuil ; Saunière a été payé pour redécouvrir et garder un secret millénaire dont la plus grosse partie est enfouie dans le Razès... Qui sont les commanditaires de Saunière et Boudet ? C'est encore flou actuellement, mais au travers du voile opaque nous discernons la présence de sociétés secrètes pas toujours très catholique.

Nous avons réalisé l'analyse de la bibliothèque de Saunière en recoupant les infos des carnets et un certain nombre de documents connexes. Son contenu est très caractéristique des ambiguïtés sulfureuses de l'abbé. Cependant nous n'accordons aucune caution aux affabulations de P. Plantard fondateur en 1956 du fantasmagorique antique Prieuré de Sion, ASBL loi 1901, qui a tenté de s'approprier cette histoire pour son propre compte, aidé en cela par des gouvernements étrangers dont la légitimité est plus que douteuse.

 

C. P. : Vous avez écrit deux ouvrages sur Gaillon, en Normandie. Quels sont les liens avec RLC?

Thierry Garnier : Je citerai comme points forts les multiples changements d'évêchés ou d'archevêchés entre les régions de Rouen et de Carcassonne, voire de Narbonne. J'en reproduis un tableau dans mon tome II. Plusieurs personnages marquent de leur empreinte ces deux lieux.

- Nicolas Poussin tient une place importante dans l'affaire. Il ne faut pas oublier que c'était un enfant du pays. Il est né aux Andelys à 10 km de Gaillon. Il était contemporain de Vincent de Paul, trésorier de la collégiale d'Ecouis à 5 km des Andelys, et de François de Joyeuse, archevêque, dont la famille était fieffée dans la région d'Arques et possédait un moulin aux Pontils. Quand N. Poussin fait ses études à Rouen chez Noël Jouvenet, François de Joyeuse est déjà sur le siège archiépiscopal rouennais. Ayant passé les 20 premières années de sa vie en Normandie, Poussin ne pouvait pas ne pas connaître le château de Gaillon et son parc arcadien en forme de clef. Je m'avance peut-être un peu en disant que Poussin s'est inspiré (pour le thème et non le paysage) de Filleul et du Lydieu en réalisant ses deux versions des "Bergers d'Arcadie", mais c'est une certitude à 99%.

- On trouve dans l'église d'Arques, voisine de RLC, le blason de Dominique de La Rochefoucauld, dernier archevêque de Rouen à avoir habité Gaillon. Il y a d'ailleurs rencontré Benjamin Franklin le 14 juillet 1786, alors ambassadeur de France. B. Franklin était franc-maçon (loge des Neuf Sœurs), comme chacun sait, et certains membres de la famille de la Rochefoucauld également. Sur la ligne maçonnique, Alexandre Lenoir, grâce auquel le château de Gaillon échappa au démantèlement, est bien connu. Il fit partie du cercle néo-templier de Fabré Palaprat.

- Nicolas Filleul est un personnage qui n'a pas de lien direct avec RLC mais, par son oeuvre "Les Théâtres de Gaillon à la Reine", il entre avec la CLE du Lydieu dans l'affaire. Le thème de ces églogues est l'Arcadie et ses bergers. Il est naturellement lié à Nicolas Poussin comme je l'explique dans le dernier volet du dossier consacré au CODEX BEZAE. Il y a aussi une mention spéciale dans "L'Aiguille Creuse", de Maurice Leblanc: n'est-il pas un certain M. Filleul, juge d'instruction qui est, "un Juge de l'école ironiste [...]. C'était aussi un juge qui ne détestait point la galerie ni l'occasion de montrer au public son savoir-faire" et "ce fut un coup de théâtre, Isidore Beautrelet parut interloqué". Voilà bien des petites phrases qui en disent long sur notre Filleul de Gaillon. Et des Théâtres de la Reine au Cromleck de Rennes-les-Bains, il n'y a qu'un pas !

 

C. P. : Et le Codex Bezae, où en êtes-vous dans vos recherches ? Pouvons-nous espérer une publication prochaine ?

 Thierry Garnier : Notre enquête, suivie de nos publications périodiques, a remis au jour de nombreux documents connus ou non, mal exploités ou pas du tout : sur le Codex Bezae bien entendu, la correspondance de B. Saunière (à relire sans autocensure) et sa bibliothèque, sur les dossiers Lobineau (château de Barbarie, généalogie mérovingienne), et surtout sur l'œuvre d'Odon de Cluny. Tout cela change beaucoup les données de l'histoire de Rennes-le-Château falsifiée par le Prieuré de Sion de 1956.

Je dois d'ailleurs vous dire, et vous en avez la primeur, qu'il y aura du nouveau sous peu. Après avoir annoncé en juillet notre dernière découverte documentaire sur l'hymne d'Odon de Cluny nos recherches ont avancé à grand pas.

En effet, on sait maintenant que le texte gravé sur le bas relief de l'autel dans l'église de Rennes-le-Château provient d'un cantique sorti du bréviaire romain détenu par B. Saunière. C'est une découverte majeure au même titre que le Codex Bezae. D'ailleurs les deux documents sont étroitement liés. Mais il ne suffit pas de connaître la provenance de ce cantique. Il faut savoir aussi qui en était l'auteur (Odon de Cluny en l'occurrence) et pourquoi l'abbé Saunière s'était employé à en graver quelques vers dans son église.

Aujourd'hui je peux dire que le Mercure de Gaillon révélera prochainement les desseins de Béranger Saunière qui ne sont pas sans lien avec la « pièce d'argent perdue et retrouvée » d'Odon de Cluny évoquée dans un des nos derniers articles et le Codex Bezae. Marie-Madeleine y tient une place étonnante et nos premières déductions s'en retrouvent renforcées.

Par ailleurs, nous préparons un film, un reportage rassemblant toutes les pièces du dossier de notre enquête sur le Codex Bezae. Il sera disponible en DVD au premier trimestre 2009.


Propos recueillis le 14.10.08

_________________________


Les livres de Thierry Garnier
 
Mémoires des deux cités, Tome 1 :
Gaillon historiques, Edition M2G,
Gaillon, 2005.

Mémoires des deux cités, Tome 2 :
Gaillon mystique, Edition M2G,
Gaillon, 2007.

Arcana Codex II, du da Vinci Code
au Codex Bezae, Editions M2G
Gaillon 2006.
 Mémoires des deux cités - tome 1
 Mémoires des deux cités - tome 2
Arcana Codex II


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commentaires

V
Mes meilleures félicitations pour votre superbe site ! Parfait !!!
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E
Bonjour Catherine,<br /> Je pense que les analyses de Tégé concernant le Codex Bezae font vraiment avancer les recherches dans la bonne direction!<br /> Nous attendons donc le DVD avec impatience.<br /> D'autre part, les données du mystère RLC ont été falsifiées par le Prieuré de Sion, version 1956 et il est bien utile de le rappeler! <br /> Cordialement.<br /> Elen
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