Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
/ / /

Retour à la 1ère partie



Les fleurs de miracles

Dans la baie du roman de Leblanc, Véronique rencontre Honorine, une insulaire qui lui apprend que son fils et son père vivent à Sarek, « l’île aux trente cercueils ». Elles embarquent pour l’île.

On notera au passage que SAREK est la parfaite anagramme de ARKES, les arches, ARCAE en latin, ou peut encore évoquer Arques près de Rennes-le-Château.

Honorine évoque le « Calvaire-Fleuri » où poussent des fleurs splendides, « des fleurs comme il n’y en a pas au monde...des fleurs de miracle... » [9]. Au cinquième chapitre, Véronique découvre les fleurs : « Mais quelles fleurs ! Des fleurs inimaginables, fantastiques, des fleurs de rêve, des fleurs de miracle, des fleurs hors de proportions avec les fleurs habituelles » [10]. Il est évident qu’ici, Maurice Leblanc relie Sarek au miracle des fleurs et à sainte Germaine de Pibrac.

 

 Pibrac

Le Calvaire-Fleuri et les fleurs de miracles nous conduisent à Pibrac, en Haute-Garonne, village natal de Sainte Germaine. Maurice Leblanc devient plus précis dans le cinquième chapitre et accentue le parallèle entre Sarek et Pibrac. Il décrit le domaine du Prieuré et son histoire. Bien évidemment, un prieuré existe à Pibrac. Il existe même une rue du Prieuré. Mais ce n’est pas tout. Véronique remarque que « toutes les allées [du parc] se dirigent vers un promontoire escarpé que couronne un groupe de chênes énormes » qui « entourent une clairière en forme de demi-lune »[11]. Pibrac est bâti sur une colline, à l’emplacement d’un ancien castrum. Son église paroissiale se situe au sommet. Elle possède la double dédicace du Saint-Sauveur et de Sainte-Marie-Madeleine — cette association des patronages du Sauveur (le Christ), et de Marie-madeleine est suffisamment rare pour que nous la soulignions —. Un mur d’enceinte demi-circulaire (en demi-lune, donc) fut construit en 1837 pour consolider le terrain qui menaçait de glisser. Une rue en forme d’épingle à cheveux contourne l’édifice vers laquelle convergent les autres voies du village. Poursuivant son chemin, Véronique découvre une « esplanade rectangulaire » [12]. L’esplanade existe aussi à Pibrac. Elle se trouve entre l’église et la basilique Sainte-Germaine.

 

Mais comme bien souvent, dans l’œuvre de Maurice Leblanc, un lieu peut en révéler un second, voire un troisième, et tous situés dans des régions parfois très éloignées les unes des autres, il convient d’étudier au plus près les descriptions de l’auteur.

Les trois tables d'une égliseLeblanc nous peint l’ensemble comme un « temple », une église en plein air, immatérielle, peut-être pour nous rappeler la contre-église de Rennes-le-Château dessinée par l’abbé Saunière, et pour souligner le caractère sacré du lieu. Pour cela il trace son plan à même le sol, tel un compagnon bâtisseur du moyen âge, selon la règle des trois tables. La première des tables est rectangulaire, la seconde carrée, la troisième est ronde et englobe le chœur et l’abside. Dans son récit, la clairière en demi-lune figure l’abside. En son centre, le chœur, se trouve le « Dolmen-aux-Fées » dont la table repose sur deux pierres « presque carrées ». Il s’agit de l’autel. Ensuite Véronique descend quelques marches pour atteindre « l’allée centrale » et l’esplanade rectangulaire, bordé de deux rangs de menhirs qui sont comme les « colonnes d’un temple ». « La nef et les bas-côtés de ce temple » sont couverts « de larges dalles de granit ». Et au milieu, donc entre la table rectangulaire et la table ronde, un « carré de dimensions restreintes » achève le plan de l’édifice immatériel. C’est dans ce carré, « autour d’un vieux Christ en pierre » que s’épanouissent des fleurs merveilleuses, énormes et multicolores, les fameuses « fleurs de miracles », et que se haussent « des véroniques », « pour atteindre le corps même du Sauveur » du Calvaire-Fleuri.

 

La croix de Jérusalem

La croix de Jérusalem à Pibrac

Les Augustins de l’Assomption organisaient des pèlerinages en Terre Sainte. Deux croix (toujours par deux) embarquaient à Marseille pour Jérusalem puis revenaient en Europe. L’une d’entre-elles se trouve à Pibrac. Elle fut érigée le 15 Juin 1898, jour de la Sainte Germaine, sur la place du village, devant l’église paroissiale. Elle fut déplacée en 1954 au pied de la basilique Sainte-Germaine. D’après une tradition, la croix aurait été taillée dans un chêne remarquable qui se situait à Cornebarrieu, à quelques kilomètres de Pibrac. Véronique, dans la deuxième partie de l'Île aux trente cercueils sera crucifiée sur un chêne tout aussi remarquable.

 

La croix de Jérusalem. Au fond, l'église paroissiale S. Sauveur et S. Marie-Madeleine

 

Les soeurs Archignat

Elles sont trois, vivent ensemble à une des extrémités de l’île de Sarek. Archignat, patronyme qui n’a rien de breton, est l’anagramme de ARCH  (ou  CHAR) GITAN, ce qui n’est sans doute pas un hasard. Ces trois soeurs sont une évocation des trois Marie, des Saintes-Maries-de-la-Mer, venues, selon la légende hagiographique, de Judée dans une barque — une arche — sans voile ni rame. L’une d’elles était Marie-Madeleine, elle quitta la Camargue, évangélisa la population de Marseille puis finit ses jours à la Sainte-Baume. Ne restèrent dans le delta du Rhône que Marie-Jacobé, Marie-Salommé et leur servante Sarah. C’est le roi René d'Anjou qui fit effectuer des fouilles en 1448 pour mettre au jour leurs tombes présumées et officialiser leur culte. L’ancienne paroisse se nommait autrefois Sainte-Marie de la Barque et le village « les trois Maries ». Les Gitans se rassemblent chaque année aux Saintes-Maries-de-la-Mer.

 

Le nom de la pomme

Pour l’anecdote, une variété de pomme très ancienne porte de nom de Sainte-Germaine. D’origine limousine, la Sainte-Germaine fut, d’après la tradition, rendue célèbre par Turgot, intendant du Limousin de 1761 à 1774 et qui la fit « entrer » à Versailles. Toutefois, il est bon de préciser que l’étymologie du fruit n’a rien à voir avec la bergère de Pibrac mais provient de Saint-Germain-les-Vergnes, localité où Turgot aurait découvert la pomme [13].

 

A Midi Pommes Bleues

Dans le troisième chapitre de l’Île aux trente cercueils, les allusions à l’« affaire » de Rennes-le-Château foisonnent et se précisent.

Il est dit que Véronique a « le teint mat d’une méridionale, et de grands yeux d’un bleu très clair et dont tout le globe » semble « de la même couleur » [14]. Ses yeux sont entièrement bleus, pas seulement la prunelle, mais tout le globe. Ils sont comme deux pommes bleues ! Ajoutons à cela son type méridional, c’est-à-dire du MIDI et nous obtenons une parfaite transcription de la fin du message du grand parchemin « A MIDI POMMES BLEUES », preuve que Maurice Leblanc avait eu connaissance du contenu du grand parchemin et du message sous sa forme décodé avant la rédaction de son livre en 1918 et que ledit parchemin n’a pas pu être créé de toute pièce dans les années 1960 par Philippe de Chérisey même si celui-ci l’a prétendu.

Pommes bleues ?

Mais il est peut-être question du phénomène dit des « pommes bleues » que l’on peut observer en hiver dans l’église de Rennes-le-Château. La projection lumineuse, émise du vitrail de la résurrection de Lazare montre non pas des pommes bleues, mais des sphères multicolores dont trois sont effectivement bleues. Ces tâches rondes et bleues ne prédominant pas par rapport aux autres couleurs, il n’y a aucune raison, à priori, de les mettre en vedette pour désigner ledit phénomène. Seulement à priori car si l’on observe le vitrail Lazare attentivement, on voit que la scène est entourée d’une frise rectangulaire portant des fruits bleus groupés par trois…Des raisins ? On n’a jamais vu des grappes de raisin ne comportant que trois grains. Le dessin semble volontairement ambigu, mi-figue, mi-raisin ou mi-pomme, mi-raisin…On retrouve ces mêmes fruits sur le vitrail représentant Marthe et Marie et sur celui de la Mission des apôtres.

 

Retour au vitrail ONIS

Un retour au vitrail « ONIS » s’impose. Son titre exact est La mission des apôtres. Cette mission, doit être lu MI-SION, c’est-à-dire SI-ON. (Toutes les explications à ce sujet seront données dans un ouvrage à paraître). Sur la photo, on voit que la moitié de SION est inversée (ON) et que l’autre moitié est renversée comme dans un miroir (SI-IS) pour former le mot ONIS. Le point au dessus du N sert de pivot. Ces deux moitiés de SION trouvent leur correspondance symbolique sur le vitrail de la résurrection de Lazare qui porte la mention BX 67 et la Crucifixion qui se trouve dans la sacristie et qui porte, quant à elle, la mention BX 76. L’une est le miroir de l’autre. Ces trois vitraux sont intimement liés, complémentaires et indissociables. Alors de deux choses l’une, soit les quatre artistes anonymes qui ont restauré le vitrail brisé sont les auteurs des supposés ajouts sur les trois vitraux, soit ils ne sont les auteurs d’aucun, et les mentions - ONIS – 17.09.84 – BX 67 – BX 76 – sont de l’époque de Saunière. Or, à ma connaissance, les quatre anonymes n’ont pas retravaillé les vitraux de la résurrection de Lazare et de la crucifixion dans la sacristie.


La preuve que 17.09.84 n'est pas une date

Le 67 de la Résurrection de Lazare peut être l’abréviation de 1867 qui est l’année de la canonisation de Sainte Germaine. Doit-on retourner à Pibrac ? Certainement, mais avant observons encore cette date du 17.09.84. Le premier chiffre, le 1, est surmonté d’un point, autrement dit, il est pointé. Souvenez-vous de votre scolarité et des zéro pointés que distribuaient parfois des enseignants particulièrement sévères à leurs pires élèves, les plus turbulents, ou les plus insolents. Vous n’en avez jamais reçu ? Moi non plus. Le zéro pointé faisait mal car il comptait deux fois dans la moyenne…Bref, ici, c’est le chiffre 1 qu’il faut doubler, ce qui donne : 1.17.09.84. Cette suite de nombres n’est pas une date mais une longitude, la longitude d’un point précis qui se trouve à Pibrac !

 

 

 

La photo satellite nous montre un demi-cercle comme celui qui se trouve sur le confessionnal de l’église Sainte-Marie-Madeleine de Rennes-le-Château. A Pibrac, l’église paroissiale est également dédiée à sainte Marie-Madeleine. Son toit et le mur qui l’entoure forment un cadran solaire. L’axe médian du toit indique le midi de l’horloge. Si on le prolonge jusqu’à l’autre côté de la rue, on arrive à un point dont la longitude est 1°17’09.84’’ E.

 

Sainte Germaine est intimement liée à l’affaire de Rennes-le-Château. La question que nous devons nous poser à présent est :

 

POURQUOI ?

 

© Catherine Pierdat, le 17.09.09 

tous droits réservés

 

accès aux commentaires

 

 notes

__________________________

 

[9] Maurice Leblanc, les aventures extraordinaires d’Arsène Lupin, tome 2, Omnibus, Paris 2004, L’île aux trente cercueils, 1ère partie, chap. 3, p. 433.

[10] Ibid., chap. 5, p. 452.

[11] Ibid., chap. 5, p. 451.

[12] Ibid., chap. 5, p. 452.

[13] Roger Pouget, La belle histoire d’une pomme corrézienne, la Sainte-Germaine ou pomme de l’Estre, in revue Lemouzi n°176, année 2005, pp. 71-78.

[14] Maurice Leblanc, op. cit., chap. 3, p. 425.

 

Partager cette page
Repost0