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17 septembre 2009 4 17 /09 /septembre /2009 14:41


Retour à la 1ère partie


Les fleurs de miracles

Dans la baie du roman de Leblanc, Véronique rencontre Honorine, une insulaire qui lui apprend que son fils et son père vivent à Sarek, « l’île aux trente cercueils ». Elles embarquent pour l’île.

On notera au passage que SAREK est la parfaite anagramme de ARKES, les arches, ARCAE en latin, ou peut encore évoquer Arques près de Rennes-le-Château.

Honorine évoque le « Calvaire-Fleuri » où poussent des fleurs splendides, « des fleurs comme il n’y en a pas au monde...des fleurs de miracle... » [9]. Au cinquième chapitre, Véronique découvre les fleurs : « Mais quelles fleurs ! Des fleurs inimaginables, fantastiques, des fleurs de rêve, des fleurs de miracle, des fleurs hors de proportions avec les fleurs habituelles » [10]. Il est évident qu’ici, Maurice Leblanc relie Sarek au miracle des fleurs et à sainte Germaine de Pibrac.

 

 Pibrac

Le Calvaire-Fleuri et les fleurs de miracles nous conduisent à Pibrac, en Haute-Garonne, village natal de Sainte Germaine. Maurice Leblanc devient plus précis dans le cinquième chapitre et accentue le parallèle entre Sarek et Pibrac. Il décrit le domaine du Prieuré et son histoire. Bien évidemment, un prieuré existe à Pibrac. Il existe même une rue du Prieuré. Mais ce n’est pas tout. Véronique remarque que « toutes les allées [du parc] se dirigent vers un promontoire escarpé que couronne un groupe de chênes énormes » qui « entourent une clairière en forme de demi-lune »[11]. Pibrac est bâti sur une colline, à l’emplacement d’un ancien castrum. Son église paroissiale se situe au sommet. Elle possède la double dédicace du Saint-Sauveur et de Sainte-Marie-Madeleine — cette association des patronages du Sauveur (le Christ), et de Marie-madeleine est suffisamment rare pour que nous la soulignions —. Un mur d’enceinte demi-circulaire (en demi-lune, donc) fut construit en 1837 pour consolider le terrain qui menaçait de glisser. Une rue en forme d’épingle à cheveux contourne l’édifice vers laquelle convergent les autres voies du village. Poursuivant son chemin, Véronique découvre une « esplanade rectangulaire » [12]. L’esplanade existe aussi à Pibrac. Elle se trouve entre l’église et la basilique Sainte-Germaine.

 

Mais comme bien souvent, dans l’œuvre de Maurice Leblanc, un lieu peut en révéler un second, voire un troisième, et tous situés dans des régions parfois très éloignées les unes des autres, il convient d’étudier au plus près les descriptions de l’auteur.

Les trois tables d'une égliseLeblanc nous peint l’ensemble comme un « temple », une église en plein air, immatérielle, peut-être pour nous rappeler la contre-église de Rennes-le-Château dessinée par l’abbé Saunière, et pour souligner le caractère sacré du lieu. Pour cela il trace son plan à même le sol, tel un compagnon bâtisseur du moyen âge, selon la règle des trois tables. La première des tables est rectangulaire, la seconde carrée, la troisième est ronde et englobe le chœur et l’abside. Dans son récit, la clairière en demi-lune figure l’abside. En son centre, le chœur, se trouve le « Dolmen-aux-Fées » dont la table repose sur deux pierres « presque carrées ». Il s’agit de l’autel. Ensuite Véronique descend quelques marches pour atteindre « l’allée centrale » et l’esplanade rectangulaire, bordé de deux rangs de menhirs qui sont comme les « colonnes d’un temple ». « La nef et les bas-côtés de ce temple » sont couverts « de larges dalles de granit ». Et au milieu, donc entre la table rectangulaire et la table ronde, un « carré de dimensions restreintes » achève le plan de l’édifice immatériel. C’est dans ce carré, « autour d’un vieux Christ en pierre » que s’épanouissent des fleurs merveilleuses, énormes et multicolores, les fameuses « fleurs de miracles », et que se haussent « des véroniques », « pour atteindre le corps même du Sauveur » du Calvaire-Fleuri.

 

La croix de Jérusalem

La croix de Jérusalem à Pibrac

Les Augustins de l’Assomption organisaient des pèlerinages en Terre Sainte. Deux croix (toujours par deux) embarquaient à Marseille pour Jérusalem puis revenaient en Europe. L’une d’entre-elles se trouve à Pibrac. Elle fut érigée le 15 Juin 1898, jour de la Sainte Germaine, sur la place du village, devant l’église paroissiale. Elle fut déplacée en 1954 au pied de la basilique Sainte-Germaine. D’après une tradition, la croix aurait été taillée dans un chêne remarquable qui se situait à Cornebarrieu, à quelques kilomètres de Pibrac. Véronique, dans la deuxième partie de l'Île aux trente cercueils sera crucifiée sur un chêne tout aussi remarquable.

La croix de Jérusalem. Au fond, l'église paroissiale S. Sauveur et S. Marie-Madeleine

 

Les soeurs Archignat

Elles sont trois, vivent ensemble à une des extrémités de l’île de Sarek. Archignat, patronyme qui n’a rien de breton, est l’anagramme de ARCH  (ou  CHAR) GITAN, ce qui n’est sans doute pas un hasard. Ces trois soeurs sont une évocation des trois Marie, des Saintes-Maries-de-la-Mer, venues, selon la légende hagiographique, de Judée dans une barque — une arche — sans voile ni rame. L’une d’elles était Marie-Madeleine, elle quitta la Camargue, évangélisa la population de Marseille puis finit ses jours à la Sainte-Baume. Ne restèrent dans le delta du Rhône que Marie-Jacobé, Marie-Salommé et leur servante Sarah. C’est le roi René d'Anjou qui fit effectuer des fouilles en 1448 pour mettre au jour leurs tombes présumées et officialiser leur culte. L’ancienne paroisse se nommait autrefois Sainte-Marie de la Barque et le village « les trois Maries ». Les Gitans se rassemblent chaque année aux Saintes-Maries-de-la-Mer.

 

Le nom de la pomme

Pour l’anecdote, une variété de pomme très ancienne porte de nom de Sainte-Germaine. D’origine limousine, la Sainte-Germaine fut, d’après la tradition, rendue célèbre par Turgot, intendant du Limousin de 1761 à 1774 et qui la fit « entrer » à Versailles. Toutefois, il est bon de préciser que l’étymologie du fruit n’a rien à voir avec la bergère de Pibrac mais provient de Saint-Germain-les-Vergnes, localité où Turgot aurait découvert la pomme [13].

 

A Midi Pommes Bleues

Dans le troisième chapitre de l’Île aux trente cercueils, les allusions à l’« affaire » de Rennes-le-Château foisonnent et se précisent.

Il est dit que Véronique a « le teint mat d’une méridionale, et de grands yeux d’un bleu très clair et dont tout le globe » semble « de la même couleur » [14]. Ses yeux sont entièrement bleus, pas seulement la prunelle, mais tout le globe. Ils sont comme deux pommes bleues ! Ajoutons à cela son type méridional, c’est-à-dire du MIDI et nous obtenons une parfaite transcription de la fin du message du grand parchemin « A MIDI POMMES BLEUES », preuve que Maurice Leblanc avait eu connaissance du contenu du grand parchemin et du message sous sa forme décodé avant la rédaction de son livre en 1918 et que ledit parchemin n’a pas pu être créé de toute pièce dans les années 1960 par Philippe de Chérisey même si celui-ci l’a prétendu.

Pommes bleues ?

Mais il est peut-être question du phénomène dit des « pommes bleues » que l’on peut observer en hiver dans l’église de Rennes-le-Château. La projection lumineuse, émise du vitrail de la résurrection de Lazare montre non pas des pommes bleues, mais des sphères multicolores dont trois sont effectivement bleues. Ces tâches rondes et bleues ne prédominant pas par rapport aux autres couleurs, il n’y a aucune raison, à priori, de les mettre en vedette pour désigner ledit phénomène. Seulement à priori car si l’on observe le vitrail Lazare attentivement, on voit que la scène est entourée d’une frise rectangulaire portant des fruits bleus groupés par trois…Des raisins ? On n’a jamais vu des grappes de raisin ne comportant que trois grains. Le dessin semble volontairement ambigu, mi-figue, mi-raisin ou mi-pomme, mi-raisin…On retrouve ces mêmes fruits sur le vitrail représentant Marthe et Marie et sur celui de la Mission des apôtres.

 

Retour au vitrail ONIS

Un retour au vitrail « ONIS » s’impose. Son titre exact est La mission des apôtres. Cette mission, doit être lu MI-SION, c’est-à-dire SI-ON. (Toutes les explications à ce sujet seront données dans un ouvrage à paraître). Sur la photo, on voit que la moitié de SION est inversée (ON) et que l’autre moitié est renversée comme dans un miroir (SI-IS) pour former le mot ONIS. Le point au dessus du N sert de pivot. Ces deux moitiés de SION trouvent leur correspondance symbolique sur le vitrail de la résurrection de Lazare qui porte la mention BX 67 et la Crucifixion qui se trouve dans la sacristie et qui porte, quant à elle, la mention BX 76. L’une est le miroir de l’autre. Ces trois vitraux sont liés, complémentaires et indissociables. Alors de deux choses l’une, soit les quatre artistes anonymes qui ont restauré le vitrail brisé sont les auteurs des supposés ajouts sur les trois vitraux, soit ils ne sont les auteurs d’aucun, et les mentions - ONIS – 17.09.84 – BX 67 – BX 76 – sont de l’époque de Saunière. Or, à ma connaissance, les quatre anonymes n’ont pas retravaillé les vitraux de la résurrection de Lazare et de la crucifixion dans la sacristie.


La preuve que 17.09.84 n'est pas une date

Le 67 de la Résurrection de Lazare peut être l’abréviation de 1867 qui est l’année de la canonisation de Sainte Germaine. Doit-on retourner à Pibrac ? Certainement, mais avant observons encore cette date du 17.09.84. Le premier chiffre, le 1, est surmonté d’un point, autrement dit, il est pointé. Souvenez-vous de votre scolarité et des zéro pointés que distribuaient parfois des enseignants particulièrement sévères à leurs élèves les plus turbulents ou les plus insolents. Vous n’en avez jamais reçu ? Moi non plus. Le zéro pointé faisait mal car il comptait deux fois dans la moyenne…Bref, ici, c’est le chiffre 1 qu’il faut doubler, ce qui donne : 1.17.09.84. Cette suite de nombres n’est pas une date mais une longitude, la longitude d’un point précis qui se trouve à Pibrac !

 

 

 

La photo satellite nous montre un demi-cercle comme celui qui se trouve sur le confessionnal de l’église Sainte-Marie-Madeleine de Rennes-le-Château. A Pibrac, l’église paroissiale est également dédiée à sainte Marie-Madeleine. Son toit et le mur qui l’entoure forment un cadran solaire. L’axe médian du toit indique le midi de l’horloge. Si on le prolonge jusqu’à l’autre côté de la rue, on arrive à un point dont la longitude est 1°17’09.84’’ E.

 

Sainte Germaine est intimement liée à l’affaire de Rennes-le-Château. La question que nous devons nous poser à présent est :

 

POURQUOI ?

 

La réponse (et bien d'autres encore) dans un livre à paraître prochainement :

 

L' ÎLE SACRÉE par Catherine Pierdat

Décryptage et analyse d'un livre codé

La Vraie Langue Celtique de H. Boudet

en SOUSCRIPTION 

Présentation et bon de commande

 Groupe Facebook de soutien

 

 

 

 

© Catherine Pierdat, le 17.09.09 

tous droits réservés

 

 

 notes

__________________________

 

[9] Maurice Leblanc, les aventures extraordinaires d’Arsène Lupin, tome 2, Omnibus, Paris 2004, L’île aux trente cercueils, 1ère partie, chap. 3, p. 433.

[10] Ibid., chap. 5, p. 452.

[11] Ibid., chap. 5, p. 451.

[12] Ibid., chap. 5, p. 452.

[13] Roger Pouget, La belle histoire d’une pomme corrézienne, la Sainte-Germaine ou pomme de l’Estre, in revue Lemouzi n°176, année 2005, pp. 71-78.

[14] Maurice Leblanc, op. cit., chap. 3, p. 425.

 

 

 

 

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17 septembre 2009 4 17 /09 /septembre /2009 14:23



L’église de Rennes-le-Château abrite  quatre statues de saints disposées symétriquement sur les côtés de la nef. Nous avons étudié saint Roch dans un article qui nous a conduit à la basilique Notre Dame de Marceille (Limoux) ainsi qu’à l’Arche d’alliance de l’église Saint-Roch à Paris. A Rennes, face à  saint Roch se trouve sainte Germaine, mais dans la petite église de Bérenger Saunière et sa symbolique, elle a, elle aussi, une signification toute  particulière.

 

 Germaine de Pibrac

sainte Germaine de Pibrac

Germaine Cousin est née vers 1577-1579 à Pibrac près de Toulouse en Haute-Garonne. Elle meurt à l’âge de 22 ans sous le règne d’Henri IV. Le cardinal de Joyeuse est  alors archevêque de Toulouse [1]. Germaine se fait enterrer dans l’église paroissiale de Pibrac. Son corps intact est redécouvert en 1644. Elle est béatifiée le 7 mai 1854, puis canonisée le 29 juin 1867. Elle se fête le 15 juin. On ne connaît d’ailleurs ni sa date de naissance, ni sa date de décès, ses actes de baptême et de sépulture se sont volatilisés en même temps que les registres paroissiaux. On suppose que son décès eut lieu le 15 juin de l’année 1600 ou 1601[2].  En revenche sa légende hagiographique regorge de nombres à forte connotation symbolique tels le 22 et le 17, nombres que nous avons déjà évoqué dans un précédant  article. L’abbé Adrien Salvan, dans son histoire de sainte Germaine de Pibrac (cf. édition post-mortem de 1886), va lui-même ajouter le troisième des nombres fatidiques que l’on retrouve systématiquement dans l’affaire de RLC — je le cite : « La perte des Mémoires primitifs sur sa vie ne nous permet point de marquer l’époque précise où elle dut être admise pour la première fois au banquet eucharistique ; on peut, sans crainte d’erreur, la placer à la onzième année de son âge, ce qui nous porte en 1589 » [3]. Le 11 est un nombre pivot, entre hier et demain. Il est le milieu ou le midi de la vie, non pas de Germaine Cousin, mais de sainte Germaine, entité éthérée dont l’histoire a été réécrite au 19e siècle selon les besoins ou les desseins d’une France catholique en perdition.

 

Le Bon Pasteur

agnus deiOn la surnommait la « Bigote » à cause de sa grande ferveur spirituelle, mais aussi  la  « manchote », car elle était infirme d’une main. Ne pouvant se servir d’une de ses mains, elle soutenait sa quenouille dans la saignée de son bras replié tel l’agneau pascal tenant dans le pli de sa patte avant l’emblème de son sacrifice. La brebis égarée du confessionnal de l’église de Saunière n’est-elle pas estropiée, elle aussi ? Observons le décor. La scène se situe dans un demi-cercle fractionné en douze segments, ou arcs, marqués par un gros bouton. En tout, douze boutons indiquent le début et la fin des heures du jour comme le feraient douze soleils du lever au coucher. La tête triangulaire de la brebis n’est pas dirigée vers le regard du Christ mais vers le point par lequel se termine la onzième heure et commence la douzième.

Certains chercheurs ont voulu voir dans cette scène le berger Paris découvreur d’un immense trésor. Ne serait-ce pas plutôt une allusion à la congrégation du Bon-Pasteur ? Cette congrégation fut fondée à Angers en 1835 par Rose Virginie Pelletier (1796-1868) — sœur Marie-Euphrasie — pour recueillir les fillettes en « perdition ». Les buts de communauté était de 1°) « retirer du vice ces malheureuses créatures et leur offrir les moyens d’une conversion sincère ». 2°) « offrir un refuge à l’innocence en danger »[4]. Les jeunes pensionnaires sont séparées en Pénitentes et en Préservées. La Maison mère d’Angers ne tarde pas à prospérer et d’autres établissements s’ouvrent en France, et pour cause, les religieuses exploitent littéralement les enfants en les employant gratuitement dans des ateliers de couture, de confection ou autres. Les fillettes travaillent de dix à douze heures par jour n’ayant pour salaire que le gîte et le couvert. Grâce à cette main d’œuvre à bas prix, la congrégation fait des profits énormes et se développe de façon exponentielle. A la mort de la Supérieure, le Bon-Pasteur compte 110 Maisons de par le monde et 3800 religieuses.

Maintenant nous allons voir comment l’abbé Salvan, dans son Histoire de sainte Germaine  tisse le  lien entre le Bon-Pasteur et  la sainte de Pibrac.

Le miracle des fleurs

La jeune bergère partait chaque matin avec son troupeau. Elle emportait un pain qui devait lui servir à se nourrir pendant la journée entière. Elle avait soin aussi de prendre des restes de nourriture qu’elle trouvait par-ci par-là dans la ferme de sa famille pour distribuer en secret aux pauvres. Elle portait le tout dans son tablier. Mais Germaine était constamment épiée par sa marâtre qui la soupçonnait injustement de voler de la nourriture pour la donner aux miséreux. Elle suivit la jeune fille, se précipita sur elle, la frappa avec un bâton et ouvrit le tablier. Celui-ci ne contenait aucun pain, aucune denrée, mais de somptueuses fleurs fraîchement cueillies, alors que nous étions en hiver. Surprise par ce prodige, la cruelle marâtre cesse de poursuivre la jeune fille et rentre à la ferme. Le pain changé en fleurs est, dit-on, le plus grand des miracles de sainte Germaine opérés de son vivant.

Toujours est-il que Germaine ne mangeait rien de la journée et qu’elle préférait supporter sa propre  faim plutôt que de refuser le don de son pain aux pauvres mendiants. L’abbé Salvan s’interroge. La pensée lui effleure l’esprit qu’un autre miracle aurait pu avoir lieu, puis finalement il se ravise :

          

« Nous ne trouvons point, à  la vérité, dans sa vie que ce pain se soit miraculeusement multiplié sous sa main pour servir son ardente charité, mais ce prodige n’a été que différé, puisque, bien des années après sa mort, et de nos jours, son intercession puissante a multiplié la farine de froment au sein d’une sainte communauté de France (le Bon-Pasteur, à Bourges) »[5].

                  

Effectivement, en 1845, alors que les religieuses du Bon-Pasteur de Bourges manquent de pain, la Supérieure de la communauté recommande à ses filles d’effectuer une neuvaine à Germaine cousin qui n’était pas encore béatifiée.  Comment l’idée lui est-elle venue ? Connaissait-elle l’abbé Salvan, lui qui se voua corps et âme à la petite bergère de Pibrac dans le but de la faire béatifier puis canoniser ? Ou avait–elle lu les tout premiers récits de ses miracles qui devaient déjà circuler dans la presse ecclésiastique ? Le résultat ne se fait pas attendre. Le 1er décembre, la pâte à pain se multiplie dans des proportions non négligeables ; le phénomène se reproduit le 6 du même mois. En janvier 1846, c’est la farine qui est multipliée à raison de 150 mesures pour une [6] !

 

Jeu de piste

Dans l’Île aux trente cercueils, le plus sombre des romans de Maurice Leblanc, l’héroïne, Véronique, est envoyée sur un jeu de piste macabre dont l’action se situe en Bretagne, pays des Celtes, des druides, et des pierres levées. Apercevant un panneau indicateur, Véronique se dit « voilà l’endroit » mais ne trouve pas ce qu’elle cherche même après avoir « jeté un regard circulaire ». Les cloches de l’angélus sonnent. Il est midi. Cercle, axe Nord-Sud, midi, méridien : des termes qui nous sont familiers. Véronique relit le courrier du Sieur Dutreillis alias Arsène Lupin. Pour se repérer, elle doit d’abord trouver « un demi-cirque entouré d’arbres ». Elle découvre alors une cabane de berger avec, gravés sur la porte ses propres initiales et le paraphe de sa signature de jeune fille, ainsi qu’une flèche et le numéro 9. A l’intérieur de la cabane gît le cadavre d’un homme barbu et aux cheveux longs. Elle ramasse un rouleau de papier sur lequel sont dessinées quatre femmes en croix [7].

 

Vitrail la Mission des Apôtres (détail) Quand Véronique revient plus tard avec les autorités, le cadavre a disparu. Elle poursuit son jeu de piste qui la conduit à une nouvelle flèche et au numéro 10. Fin du premier chapitre. Ensuite elle trouve les numéros 11, 12, 13 et passe directement au 17 qui est la fin de son parcourt. Il se termine par la découverte, sur le littoral,  d’une « petite baie ». Dans le langage codé de Leblanc, il semblerait qu’il s’agisse d’une petite baie vitrée, allusion à un vitrail  et plus particulièrement à celui de l’église de Rennes-le-Château qui se trouve derrière la statue de St Antoine de Padoue et qui représente Jésus envoyant les apôtres en mission. Il les enseigne et les renseigne, devrait-on dire, sur leur rôle d’évangélisateur. Sur ce vitrail, on distingue très nettement les caractères ΘNIS suivis de 17.09.84. Or, si nous résumons le parcourt de Véronique, celui-ci se termine par le 17, commence par le 9, et il est midi, soit 12 heures quand l’héroïne identifie son point de départ. Et 12 est bien la somme de 8 et 4. En fait, par rapport au vitrail « ONIS », le parcourt de Véronique est inversé mais constitue une preuve que Maurice Leblanc connaissait parfaitement le vitrail en question. Oui, mais voilà, il existe un sérieux problème à cette thèse. En effet, dans la nuit du 7 au 8 mars 1984 le vitrail fut brisé par des vandales. Il fut restauré par quatre personnes qui ont souhaité garder l’anonymat mais dont l’une d’elle pourrait être Alain Féral (pseudonyme Spatz), d’après l’auteur de l’article VITRAUX de l’ABC de RLC [8]. Toujours d’après le même auteur, les lettres ONIS pourraient être les initiales des quatre artistes, et 17.09.84, la date de la restauration du vitrail. Nous verrons plus loin qu’il n’en est rien. Pour le moment, nous nous poserons cette question : qui a copié l’autre ? Autrement dit, Maurice Leblanc fait-il, avec sa suite de nombres, une allusion au vitrail de la Mission des apôtres ou bien les quatre anonymes se sont-ils inspirés du roman de Maurice Leblanc ? La signature ONIS -17.09.84 date-t-elle de l’époque de  Saunière ou de 1984 ?



>>> Suite de l'article


Notes
________________________

 

[1] Salvan (abbé), Histoire de sainte Germaine de Pibrac, Le Livre d’Histoire, Paris, 2007, réimpression de l’édition de 1886,  p. 76

[2] Ibid., pp. 26 et 124. Salvan conteste la date de 1601. Il tient absolument à ce que Germaine soit décédée à 22 ans.

[3] Ibid. p. 38.

[4] Œuvre catholique du Bon-Pasteur, 1849, 10, cité in Patrick Taron, Le Bon-Pasteur angevin et la législation sur le travail des enfants au XIXe siècle, Déviance et société, année 2000, volume 24, n°2, pp. 123-141.

[5] Salvan (abbé), op. cit. p. 58.

[6] Pierre Delooz, Les miracles : un défi pour la science ? De Boek et Larcier, Bruxelles, 1997. p. 152.

[7] Maurice Leblanc, les aventures extraordinaires d’Arsène Lupin, tome 2, Omnibus, Paris 2004, L’île aux trente cercueils, 1ère partie.

[8] Collectif, l'ABC de RLC, éditions Arqua, Marseille, p. 517.

 

© Catherine Pierdat, le 17.09.09 – Tous droits réservés.

 

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28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 14:50

            Noël Corbu est né le 27 avril 1912, à Paris VIIe. Il passe toute sa jeunesse au Maroc, puis décide de rentrer en France après la mort de son frère et s'installe dans un mas - la Villa Saint-Roch, à la sortie de Perpignan. Le 21 janvier 1935, il se marie à Henriette Coll, une catalane de dix ans son ainée et modeste marchande de volailles. Peu avant la guerre, Noël monte une fabrique de pâtes, mais les temps sombres arrivent et, à la veille de la Libération, les Corbu doivent quitter Perpignan. Avec leurs deux enfants, ils partent pour un petit village des Corbières : Bugarach.

            Par une belle journée d'automne de l'année 1945, sur les conseils de l'instituteur du village, les Corbu organisent une excursion à Rennes-le-Château. C'est là qu'ils font la connaissance d'une vieille demoiselle, Marie Dénarnaud avec qui ils sympathisent. Ils lui promettent de revenir la voir. Ils reviennent, plusieurs fois, et puis, un jour, toute la famille s'installe à la villa Béthanie. Béthanie, quel drôle de nom pour une villa ! Mais quand on sait qu'elle a été bâtie par ce "pauvre monsieur le curé" - c'est ainsi que Mademoiselle Marie nomme feu Bérenger Saunière -, on s'étonne beaucoup moins. Par contre, on est surpris par l'autre grande construction de l'abbé, l'ensemble formé par la tour Magdala, le belvédère qui domine toute la vallée, et la serre  dont  le plan au sol est identique à la tour. Cela avait dû coûter une fortune. Une fortune, pensa Noël Corbu. Et aujourd'hui, le domaine appartenait à Mademoiselle Marie, vieille fille qui avait partagé une bonne partie de sa vie avec le curé de Rennes. En fait, les biens mobiliers et immobiliers, terrains et constructions de Bérenger Saunière, avaient depuis toujours appartenu à Marie Dénarnaud. L'abbé avait réalisé presque toutes ses transactions au nom de sa « chère petite Marie ». Monsieur le curé avait-il quelque chose à cacher ? L'argent amassé, et vite dépensé, pendant son ministère à Rennes était-il sale ? Ou provenait-il d'un trésor ? L'idée du trésor n'avait pas encore germé dans l'esprit de Noël Corbu, mais un jour, elle lui apparaîtra comme une évidence.

            Le 22 juillet 1946, jour de sainte Marie-Madeleine, Marie couche les Corbu sur son testament et déshérite toute sa famille. Pourquoi le jour de la Madeleine ?  Pourquoi précisément cette date ? Rennes-le-Château est devenu, avec l'abbé Saunière, le troisième grand site français dédié à la sainte, le troisième point du triangle magdalénien. Ce n'est pas rien ! Il fallait qu'elle soit bien importante cette Madeleine, aux yeux de Saunière, et pour Mademoiselle Marie qui connaissait tout des secrets de l'abbé. Imprégnée, marquée des symboles du « mystère » de Rennes-le-Château - ces symboles, on les voit partout dans le domaine : 11 marches ici, 22 autres là, 17 billettes là-bas, tiens ! encore 11 autres billettes ici - et je ne cite que les nombres - Marie, consciemment ou inconsciemment, les utilisent encore, vingt-neuf ans après la mort du prêtre. Ces symboles sont l'ouvrage d'un esprit obsessionnel  qui les a disséminés, non pas semés aux caprices du vent, mais placés avec minutie dans des endroits précis. Depuis son arrivée à Rennes en 1885 jusqu'à sa mort en 1917, l'abbé Saunière n'aura œuvré que pour une seule mission, celle de bâtir un domaine toujours plus grand sur cette colline escarpée. Il attendait que la guerre se termine, la grande guerre qui n'en finissait pas, pour construire à nouveau. Oui, il avait encore de grands projets architecturaux. Pourquoi toutes ces constructions sur ce caillou perdu des Corbières ? Cela faisait partie intégrante du Secret, ce secret qui le hantait jour et nuit depuis qu'il avait intégré sa paroisse - il n'avait alors que trente trois ans -, un secret plein de symboles qui le dévoraient de l'intérieur à tel point que le 17 janvier 1917, il fit une attaque d'apoplexie.

            APOPLEXIE, un mot à la mode dans les siècles derniers, et pratique de surcroit, qui désignait aussi bien les congestions cérébrales, les infarctus, les insuffisances cardiaques qui auraient nécessité un pacemaker si celui-ci avait été inventé, les ruptures d'anévrismes, mais aussi certains empoisonnements et les coups de pouce occasionnés par une frayeur. Oui, la peur peut tuer. Si on avait pratiqué des autopsies, avec les moyens d'aujourd'hui, sur toutes les personnes décédées d'apoplexie, il y aurait quelques belles surprises ! Mais qu'est-ce qui a bien pu provoquer cette crise mortelle chez ce grand gaillard tout de même âgé de soixante cinq ans ? D'abord, la bonne chère. L'abbé aimait le bien boire et le bien mangé. Les excès lui auront obstrué les artères. Ensuite, les soucis. Depuis 1909, l'évêché s'acharne contre lui, le nomme à Coustouge pour s'approprier le domaine de Rennes, mais Saunière refuse. Un procès est alors engagé dont l'abbé ne verra jamais l'issue. Mais il ne cède pas. Il résiste jusqu'à la mort. En ce début de vingtième siècle, l'Eglise catholique est divisée en deux camps. Bérenger Saunière, à l'image de Marie-Madeleine, a choisi la bonne part, ou si vous préférez, le bon parti. L'autre camp ne  saura rien de son secret.

            Mais tout de même, il fait son attaque le 17 janvier et meurt le 22, et ce n'est pas anodin. Ajoutons à cela qu'il est né un 11 avril  - 11, 17, 22 - trois nombres qui reviennent sans cesse et qui figureront même sur la récente plaque mortuaire de sa nouvelle tombe. Ces trois nombres ont obsédé l'abbé Saunière pendant la moitié de sa vie, allant jusqu'à provoquer inconsciemment sa propre mort à une date résolument fatidique. Un suicide en quelque sorte.

            Les  septiques parleront de coïncidences. J'y vois plutôt un effet de synchronisme. Je pourrais vous citer l'exemple de mes grands-parents maternels, décédés de mort naturelle à la même date mais à cinq années d'intervalle. Ils étaient très proches et croyants. Je reste persuadée que mon grand-père à programmé sa mort inconsciemment à cette date anniversaire. Coïncidence ? Non, pas pour moi.

            Les temps changent. Les sciences sont de nos jours beaucoup moins cloisonnées qu'il y a dix ans. Les sections scientifiques ne sont plus tout à fait étanches et pour mener à bien une recherche, il faut être pluridisciplinaire. Petit à petit, les mentalités évoluent. Aujourd'hui, officieusement les psychanalystes reconnaissent que les inconscients communiquent entre eux, d'une personne à une autre, même si officiellement la télépathie « n'existe pas ». Les vieux dogmes cartésiens prennent l'eau. J'ai employé le terme « pluridisciplinaire » à dessein. C'est en effet la condition sine qua non pour comprendre l'affaire qui nous préoccupe. J'ajouterai aussi que négliger le coté spirituel de l'énigme pour ne retenir que le côté matériel est une absurdité, n'en déplaise aux handicapés du cerveau droit.

            Revenons à notre histoire ou plutôt au début de l'histoire du mythe du curé aux milliards...Le 22 juillet 1946, les Corbu sont promus légataires universels de Marie Dénarnaud.

            Noël Corbu retente à cette époque une entreprise à but lucratif au Maroc, mais étant peu doué pour les affaires, se retrouve une fois de plus sans un sou. Il rentre en France - nous sommes en 1950-1951 - et revient à Rennes.  En Janvier 1953, Marie tombe gravement malade et décède au bout de quelques jours, dans la nuit du 30 janvier. Elle part avec son secret, aussi muette que sa propre tombe, à l'âge de 85 ans. Elle sera enterrée dignement et selon ses dernières volontés à côté de Bérenger Saunière. Voilà comment Noël Corbu et sa femme héritèrent du domaine du curé de Rennes-le-Château.

 

(à suivre)

 Sources :

- Pierre Jarnac, Histoire du trésor de Rennes-le-Château, Bélisane, 1998.

- Collectif, L'ABC de Rennes-le-Château, éd. Arqua, 2008.

- Recherches personnelles.

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