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9 avril 2008 3 09 /04 /avril /2008 19:14

 

Château d'Ermenonville

L'Arcadie

René Louis, Marquis de Girardin (1735 - 1808) avait hérité de sa mère le château d'Ermenonville (Oise) qui était à l'époque une bâtisse très inconfortable, de construction en partie médiévale, située au bord d'un marécage infecté de moustiques. En 1766 - à la mort du roi de Pologne Stanislas Leczinki qu'il avait servi -,  il se retira de la vie militaire et s'y installa avec sa famille. Il compléta son domaine par l'achat de plusieurs terres et se consacra à son assainissement et son embellissement. Le marquis de Girardin, qui avait un goût prononcé pour le romantisme, voulu créer un parc qui serait à l'opposé des jardins dits « à la Française » dont la rigidité l'exaspérait, un lieu idyllique dédié à la Nature et à la méditation, un paysage dans lequel on pourrait rêver et philosopher.

Le temple de la Philosophie

Bien qu'aidé d'un conseiller artistique, le marquis de Girardin avait une idée bien arrêtée sur ce à quoi devait ressembler le résultat final et n'hésitait pas à prendre le fusain pour dessiner lui-même certains détails de son décor. Il sépara le parc en deux parties distinctes : l'Arcadie et le Désert.

Girardin fit parsemer l'ensemble de « fabriques » qui jalonnaient un parcours initiatique et labyrinthique. Les promeneurs décidaient eux-mêmes, au hasard de leurs découvertes, des chemins à suivre. Les fabriques  consistaient en de romantiques constructions, grottes artificielles, cascade, temples, obélisque, cabanes. L'Arcadie fut peuplée d'animaux pastoraux : ânes, moutons, chèvres, bœufs. La Grotte du Berger marqua l'entrée de la prairie arcadienne.

Beaucoup des fabriques ont disparu, le parc ayant été saccagé pendant la Révolution, mais on peut encore admirer aujourd’hui le Dolmen, le Banc Rustique, l’Autel de la Rêverie, le Temple de la Philosophie, la Table des Mères, le Banc de la Reine, et parmi tous ces éléments factices,  une véritable sépulture néolithique — un dolmen couvert — appelée la grotte aux ossements.

Le Dolmen

 

Le Dolmen. Celui-ci a été bâti sur les ordres du marquis de Girardin, mais il en existe un autre qui est une véritable sépulture d'époque néolithique appelée la Grotte aux ossements. Elle a été fouillée par le marquis lui-même, puis par le prince Radziwill. Symboliquement, le dolmen vide représente le tombeau de résurrection, le tombeau spirituel, alors que le vrai dolmen, représente le tombeau matériel. Nous trouvons  le même cas de figure dans les maquettes dites de Saunière sur lesquelles sont figurés le tombeau de Joseph d’Arimathie et le tombeau du Christ.
 

Le tombeau

Grand admirateur de Jean-Jacques Rousseau, René de Girardin le rencontra pour la première fois en 1776 et l’accueillit en son château en 1778. C’est à Ermenonville — en Arcadie — que le philosophe passa les six dernières semaines de sa vie. Le 2 juillet 1778 il mourait d’une attaque d’apoplexie.

Le surlendemain, à minuit, après avoir été embaumé, son corps fut enterré à la lueur des torches sur l’île des Peupliers située dans un des étangs du parc. Le tombeau que l’on peut encore voir aujourd’hui a été inauguré en 1780. On pouvait accéder à l’île par une passerelle. Celle-ci, devenue trop vétuste et dangereuse, fut condamnée.

L'île des peupliers

Réclamé par la Convention, le corps de Jean-Jacques Rousseau fut transféré au Panthéon. Le tombeau est donc vide. C’est un cénotaphe…Un tombeau vide, en Arcadie.

 

Nous ne savons pas si c’est le tableau de Poussin, les Bergers d’Arcadie, qui inspira le Marquis de Girardin mais ce site exceptionnel méritait d’être signalé. Beaucoup de têtes couronnées et d’intellectuels de toute l’Europe sont venus se recueillir sur la tombe du philosophe des Lumières dès le dix-huitième siècle et jusqu’à nos jours, et il serait très étonnant que le rapprochement entre les deux œuvres, l’une picturale, l’autre paysagère, ne fut pas fait. Ce parc si propice à l’évasion a dû inspirer plus d’un rêveur. Gérard de Nerval qui vécut à Mortefontaine, commune voisine d’Ermenonville, vint s’y ressourcer. Et bien d’autres encore…

 

Tombeau de Jean-Jacques Rousseau Premier tombeau de Jean-Jacques Rousseau




© Catherine Pierdat, 9 avril 2008 - Toute reproduction même partielle est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
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commentaires

V
Très beau blog, merci pour les détails sur les prises de vue, ça va me faire progresser.
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W
Super histoire... quand la suite?
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